Student Story: Luc Gerrits, du tutorat au doctorat !
Permettre aux étudiants de tester leur attrait pour la recherche et les accompagner du master vers le doctorat : c’est tout le sens des tutorats en laboratoire mis en place par l’EUR DS4H qui ont permis une nouvelle fois de mettre le pied à l’étrier d’un apprenti-chercheur prometteur.
Motivé par les premiers résultats obtenus lors de deux tutorats successifs qui se sont déroulés pendant ses deux premiers semestres de master Electronique et Systèmes de télécommunication, Luc Gerrits s’est vu proposer un stage au LEAT pendant l’été 2019. Il a effectué son stage de fin de master l’année suivante dans ce même laboratoire. L’étudiant a ainsi cumulé près de deux ans d’expérience en laboratoire avant même de se lancer dans un doctorat à la rentrée 2020 !
Les travaux menés en collaboration avec le professeur François Verdier et Roland Kromes (doctorant), ont conduit à la publication de deux articles pour IEEE, la plus grande association professionnelle mondiale des ingénieurs électriciens et électroniciens, à l’origine de nombreuses normes et de centaines de conférences scientifiques chaque année.
En tant qu’étudiant, c’est une opportunité unique de pouvoir apposer son nom sur une publication et l’intérêt de l’IEEE pour nos travaux sur la blockchain est très gratifiant.
En quoi consistent ces travaux ? Luc Gerrits explique son sujet de thèse :
D’un côté, notre quotidien est de plus en plus empli d’objets connectés. C’est ce qu’on appelle l’IoT. Ces équipements échangent entre eux des informations qu’ils peuvent faire remonter à un tiers qui centralise les données (avec les questions qui en découlent : quel usage va-t-il en faire ? comment va-t-il les stocker ?). D’un autre côté émergent la blockchain, qui promet le stockage de données de façon décentralisée, sécurisée et infalsifiable, et les smart contracts, c’est-à-dire les programmes qui fixent les règles d’utilisation de ces données dans une situation donnée. L’objet de nos travaux est d’étudier si l’on peut injecter les technologies blockchain et smart contracts dans l’IoT pour rendre les échanges d’informations entre objets connectés plus sûrs et plus fiables.
En théorie, un smart contract bien programmé peut transformer toute situation en code informatique : si telle personne, telle situation ou telle condition est authentifiée, alors le programme est exécuté de façon automatique et autonome.
En pratique, la blockchain et les smarts contrats pourraient par exemple être utilisés dans le cadre d’un accident entre véhicules connectés. C’est le cas d’usage étudié par l’équipe du Pr Verdier en collaboration avec Renault Software Labs pour le projet Smart IoT for Mobility financé par DS4H et l’ANR.
En cas d’accident, à l’heure actuelle, l’assureur centralise les données issues du constat amiable rempli par les protagonistes. Ces données peuvent être, volontairement ou non, incomplètes, voire fausses. Un smart contract directement implanté dans un véhicule connecté pourrait récupérer les données collectées dans une blockchain par les capteurs du véhicule (identité et fonctions vitales du conducteur, vitesse, positionnement des véhicules, etc.) et les traiter de façon complètement décentralisée, plus objective, plus juste et plus sécurisée. La déclaration de sinistre et les suites apportées par l’assurance pourraient être déclenchées automatiquement en fonction de ces données.
Ma thèse est centrée sur les aspects techniques de cette problématique. La blockchain est une technologie gourmande en ressources, notamment à cause de la cryptographie appliquée aux données : je m’intéresse aux solutions à mettre en œuvre pour optimiser l’énergie et la capacité réseau nécessaires. Mais ces technologies soulèvent aussi des questions en matière d’acceptabilité sociale et de faisabilité économique et juridique. Cette pluridisciplinarité m’a permis de rencontrer des intervenants aux points de vue différents et de réfléchir à des problématiques que je n'aurais pas envisagées seul.
L’équipe du projet Smart IoT for Mobility inclut en effet des informaticiens (I3S, Inria), des électroniciens (LEAT), des juristes (DL4T), des économistes (GREDEG), des spécialistes des comportements des acteurs (LEEN) et des partenaires industriels (Renault et Symag, une filiale de BNP). Ils espèrent obtenir des architectures IoT à faible consommation, capables de transmettre des données à des blockchains et d’être lues par des non-spécialistes d’ici décembre 2023, date programmée de la fin du financement ANR du projet Smart IoT for Mobility et de la thèse de Luc Gerrits.